mercredi 12 mars 2003

Récit d'accouchement de Puce

Votre café avec ou sans sucre?
Votre chocolat au lait ou noir?
Pour ses 2 questions les experts vous répondront toujours: nature sinon rien!

Pour l'accouchement j'aurais tendance à avoir le même type de réponse: c'est plus facile avec péridurale mais on loupe quand même le vrai goût des choses.
Du coup si pour mon premier accouchement je n'ai pas résisté à l'appel de la péridurale pour mon deuxième je suis parvenue à faire sans et je suis vraiment très très très heureuse d'avoir eu la chance de vivre ça.

La grossesse touche à sa fin je ne suis plus qu'à quelques jours du terme.
Lundi bizarrement j'ai éprouvé une intense motivation pour faire mon ménage. Ca m'a un peu surprise, mais je n'allais pas m'en plaindre la maison en avait besoin. Bien sur je savais que ça pouvait être signe d'accouchement imminent mais je n'osais trop y croire.
J'entamais cependant la journée de mardi dans l'expectative.
Mardi matin je me sentais tellement crevée que je me suis reposée très sereinement sans aucune impatience. Les contractions suspectes n'ont commencées à poindre que dans le milieu de l'après-midi. Les choses n'évoluaient cependant pas très vite et ce n'est que vers 21h30 que des contractions enfin régulières toutes les 10min me décidèrent à décoller du nid. Il fallait encore emmener Théo déjà couché chez ses grands-parents et je voulais que cela se passe avant que je ne sois complètement pliée en 2 trop régulièrement.

Le temps de déposer le bibou, nous sommes arrivés à la maternité à 22h.
Déshabillage, examen, TV(toucher vaginal): seulement à 2, vérification de la tension et mise en place du monitoring.
Je serais suivie par une élève sage-femme, supervisée par la sage femme de garde. Je n'en ai pas eu l'impression mais j'ai du me montrer suffisamment rétive au monitoring pour que la sage femme en chef vienne m'expliquer qu'ils étaient contraint à cet enregistrement à cause du médico-légal et que malheureusement l'époque n'était plus à faire des entorses pour ce genre de chose.
Bien: je suis restée couchée bien sagement 1h avec le monito à admirer des contractions qui ne se rapprochaient guère mais qui heureusement ne s'intensifiaient guère non plus: la situation restait parfaitement supportable.

23h10: re TV: 2,5 à 3 pour me faire plaisir. Tout va bien on me propose donc de redescendre dans une chambre. On m'a posé un cathéter au cas ou et on me suggère un lavement que je refuse poliment: pas besoin j'ai justement envie de faire naturellement. Dès que j'ai été debout les contractions m'ont semblée se faire plus fréquentes. Rapidement elles se font également plus intense. Même libre de mes mouvements et de mes postures je ne parviens plus à trouver une position qui me soulage un minimum. 20min après mon arrivée dans la chambre je ne tiens plus la douleur devient intolérable. Il faut que quelqu'un fasse quelque chose pour moi. Moi qui ne bois jamais d'alcool par dégout je crois que j'aurais pu boire un litre d'alcool à 90° si on m'avait dit que ça pouvait me soulager. J'avais l'impression d'avoir atteint à ce moment là le seuil de douleur que j'avais atteint juste avant que l'on me pose la péri pour mon premier accouchement; alors qu'à l'époque j'avais déjà réclamée la péri depuis 3/4d'h et que j'étais déjà dilatée au moins à 5 ou 6 soit le double de ma dilatation du moment. J'avoue que j'étais un peu décontenancé et déçu de me rendre compte que de toute évidence la péri serait inévitable pour moi malgré toutes mes belles connaissances et mes belles lectures d'accouchements naturels. Mais cette déception passait de toute façon au second plan devant l'espoir de pouvoir enfin me soulager de ces douleurs intolérables.

Donc vers 23h 40 je regagne les salle d'accouchement: la SF m'a accueillie très surprise et un peu désemparée: "vous savez à ce stade on ne pourra toujours pas faire grand-chose et ici on est obligé de vous garder couchée et monitorée. Vous auriez peut-être été tout de même mieux dans votre chambre."
Moi je ne vois qu'une chose: plus vite je serais prise en charge en salle d'accouchement, plus vite j'aurais droit à ma péri. Bien sur le col n'a guère évolué: 4cm on me fait tout de même une prise de sang pour la péri, et un prélèvement avec une languette pour vérifier l'absence de streptocoque. Forcément on m'allonge et on me rebranche le monito qui m'empêche de bouger. On m'annonce la péri pour seulement dans 3/4d'h: le temps d'obtenir les résultats de la prise de sang et sans doute le temps que la dilatation progresse encore un peu. A cette annonce: la panique me gagne: devoir endurer cette douleur encore tout ce temps avec la crainte voir la quasi certitude que la douleur va encore augmenter sans aucune chance de soulagement pendant tout ce temps. Je me fait surprendre par une crise de spasmophilie: je me met à trembler de tous mes membres sans plus pouvoir me contrôler. Je me mets également à gémir à chaque contraction histoire d'extérioriser cette douleur, et dans un combat vain, je m'arcboute et me contorsionne sur le lit à chaque contraction mais cela ne me soulage guère. Au moins le cathéter ne sera pas inutile: on me branche une perf avec une solution de magnésium, ce qui va rapidement calmer mes tremblements.
La sage-femme me rappelle qu'il est préférable que je respire plus efficacement: pour l'efficacité du travail: l'utérus à besoin d'oxygène pour se contracter efficacement et pour le bébé que je prive également. Je réactive mes neurones et je me reprends, je suis ses conseils: Désormais à chaque contraction, ça sera de courtes, rapides et profondes respirations: à la limite du petit chien: c'est très fatiguant mais ça m'aide vraiment beaucoup en attendant toujours aussi impatiemment la péri.

Au bout d'1/2h il est environ 0h 10 les SF repassent me voir: les contractions sur le monito plafonnent sur le sommet de leur diagramme d'enregistrement. Nouveau TV: la situation n'a apparemment pas du tout évoluée: dilatation toujours à 4! Mais la SF en chef suggère de refaire un TV durant une contraction cette fois. Là, stupéfaction de l'élève: durant la contraction la poche des eaux qui n'étaient encore pas percé appuyait tant et si bien sur le col qu'il s'ouvrait à 7 ou 8. Visiblement la SF en chef s'y attendait un petit peu: Elle m'expose rapidement la situation: si elles me percent la poche des eaux : le bébé va descendre d'un coup et sortir très rapidement au point que la péri sera parfaitement inutile car elle n'aura pas le temps d'agir. La contraction est passée quand elle m'expose tout ça et je me met à rire, estomaquée par un tel revirement de situation et aussi très soulagée sur mon ressenti et sur ces douleurs finalement pas si inefficaces.
Bien sur pour moi le choix est vite fait: je veux en finir au plus vite, on perce! D'ailleurs avant que la SF n'ait eu le temps de percer la contraction suivante semble fissurer la poche: un peu de liquide commence à s'échapper.

Il doit être environ 0h20 quand la poche est percée et à partir de là effectivement tout va aller très vite: durant les 3 contractions suivantes je commence déjà à ressentir l'envie de pousser en toute fin de contraction, ce dont je ne peux m'empêcher d'ailleurs: c'est mon corps qui agit sans que je ne puisse plus trop le retenir. Je presse la SF d'installer tout pour l'expulsion. Je serais de toute façon mieux installée les jambes dans les étriers que bêtement allongée sur la table et je n'ai absolument plus la force de me mettre seule dans une autre position.
ça y est je suis installée et il est grand temps: l'envie de pousser arrive dès le début de la contraction maintenant, à partir de la contraction suivante l'envie de pousser ne me quittera plus: contraction ou besoin de libérer mon sexe distendu par le bébé? une chose est sure à partir du moment ou l'envie de pousser est là, la douleur disparait totalement.
Alors donc je pousse: une grosse poussée puis 2 ou 3 petites pas très efficaces: j'ai oublié de reprendre suffisamment d'air: la SF me le rappelle, je réalise et je fais donc une mini pause pour reprendre une grande goulée et il n'en faudra pas plus: ça y est bébé est déjà sorti.
Elle est sur mon ventre, comme son frère avant elle, toute chaude et glissante sous mes mains et là je ris de bon cœur. Je suis heureuse: tout c'est finalement passé si vite, si bien.

Elle est né à 1h10 comme son frère. Pour le reste c'est un tout autre bébé: elle a hurlé bien fort à sa sortie puis s'est calmé, entre mes mains, on l'aspire sur moi. Alors que pour fiston les soins après sa naissance m'apparaissent dans un brouillard confus, là j'ai bien toute ma lucidité: et j'assiste à la mesure du poids, de la taille, la vérification des réflexes, l'administration de la vit K, des goutes dans les yeux, pas de bain juste un essuyage soigné car elle est un peu fraiche, habillage. Pendant ce temps de mon coté on attend l'expulsion du placenta, puis on passe à la couture sous anesthésie locale: Bébé a sorti les 2 épaules en même temps, ça a visiblement laissé quelques dégâts: une belle déchirure toute droite plus 1 ou 2 éraillures(à savoir: cela cicatrisa complètement beaucoup plus vite que l'épisio subit pour fiston). C'est la SF qui se charge de ce travail minutieux, je piaffe d'impatience avec ma biboute qui reste bien sage en attendant de pouvoir enfin être mise au sein.
Enfin on nous laisse tranquille, elle se rattrapera bien de cette attente en restant "branché" quasiment tous le reste de la nuit.